Compte rendu de l’atelier ARG/ERG
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par Michel Reilhac , publié le 4.09.2009
Présentation concrète de ce qu’est un ARG/ERG à travers les cas de Breathe (projet de Yomi Ayeni Londres) et de deux projets de Caroline Gerdolle.
Réalité et fiction
Questions sur le jeu entre réalité et fiction et l’importance d’entretenir le trouble entre les deux dimensions pour maintenir l’effet permanent de surprise et d’ambigüité. Il s’agit de générer quelque chose qui est vrai tout en tant faux.
Engagement contextuel et progressif des spectateurs
Questions sur comment gérer les attentes des joueurs qui risquent de se sentir grugés lorsqu’ils se rendent compte qu’ils sont embarqués dans une fiction qu’ils ne soupçonnaient pas. Notion de jeu et d’enjeu, de profondeur, de l’engagement des spectateurs et des auteurs : contrairement à la situation figée de la relation, une histoire linaire (un long métrage), l’implication dans un ARG peut varier en profondeur d’implication en fonction du moment et de la disponibilité du spectateur /acteur. Est-ce que ce sont réellement des fictions ? Y a-t-il une réelle latitude d’écriture, de fiction ? Quel est le statut de l’auteur?
Notion de Rabbit hole
L »ARG comporte des trous dans lesquels il est proposé de s’engouffrer comme dans « Alice au Pays des Merveilles » pour basculer dans une nouvelle dimension ou ce qui est faux est accepté comme vrai. Parallèle avec une nouvelle dimension du jeu de rôle. Les spectateurs sont devenus experts de la connaissance des images, sont très exigeants sur la qualité dramatique et surprenante de ce qui leur est proposé. Le passage de la réalité la fiction doit être fluide.
Un code de la route de l’ARG ?
La part d’improvisation est importante, c’est la garantie de qualité. Soyons attentifs cependant à :
- La notion d’unicité de chaque projet et de la difficulté à ce stade de modéliser les principes d’écriture, de scénarisation et de production.
- Les questions d’initiés qui sont incompatibles avec la surprise du participant: il est important de ne pas livrer les clefs du mystère avant le jeu.
- La question sur l’éthique pour ne pas basculer dans la manipulation de l’information : Exemple de la RTBF avec l’annonce de la scission de la Flandre.
Problème du rapport la réalité, dans le champ documentaire: comment utiliser l’outil de la fiction ludique interactive pour créer du lien dans le documentaire, particulièrement entre spectateurs participants et sujets de la réalité d’écrite ?
- Questions à nouveau sur le problème de la limite réel/fiction qui est trouble.
- Allusion comparative au serious gaming (jeu vidéo basé sur des faits réels) et crowd sourcing.
Michel Reilhac
Directeur d’Arte France Cinéma/Réalisateur/Producteur
Le jeu In Memoriam a traité de manière magistrale toutes ces dimensions. C’est créé par des français et c’est sorti il y a déjà plusieurs années chez Ubisoft…
effectivement in memoriam créé par eric Viennot et sa société Lexis numérique est un des pionniers sinon le pionnier du genre en France. A la seul différence que le point de départ étai un cdrom et non internet.
Non, le jeu In Memoriam a été lancé sur Internet quelques semaines avant sa sortie. Je n’ai pas pu participé à l’ARG du jeu mais un ami m’en avait parlé.
Arbeloa, c’est vrai
mais c’était plus, me semble t il, sans vouloir entrer dans une polémique stérile, un teaser. Le jeu lui même ne pouvait se jouer sans le cdrom.
Effectivement je ne vois pas trop ce que ça change en fait ! J’avais assisté à une conférence d’Eric Viennot qui disait qu’il avait fait un cd-rom, parce qu’aux débuts des années 2000 quand le jeu est sorti, le haut-débit n’était pas aussi dévelopé et que s’il sortait aujourd’hui le jeu serait complètement dématérialisé.
Bravo Monsieur pour votre intervention d’ aujourd’hui au « mobile video days » vous aviez de loing la vision la plus pointu sur les « possibles » du transmedia/crossmedia