L’ARG, l’enfant de la rencontre entre le cinéma et la communauté 2.0
par Caroline Gerdolle , publié le 3.09.2009
Les excellents résultats du box office l’année dernière aux Etats Unis en dépit d’une campagne électorale historique, de la crise économique et d’un record de téléchargements illégaux non moins historique, laissent à penser que la guerre des écrans ne se situe pas tout à fait là où l’on le croyait.
Si le téléchargement illégal n’a pas suppléé la demande accrue de films – ce « voyage » à moindre frais loin des réalités quotidiennes- alors que son prix défie toute concurrence, on pourrait en déduire que le prix du cinéma n’est pas son véritable handicap, et donc la gratuité, pas le véritable ennemi. La coexistence est donc sans aucun doute possible et sera même souhaitée par tous si l’on arrive à objectiver l’association synergique du multimédia et du cinéma pour développer l’audience autour d’un monde imaginaire.
Dans le contexte multi-écrans de nos vies, les principaux handicaps d’un film de cinéma seraient plutôt son isolation et sa brièveté : l’espace et le temps dédiés à une fiction, ainsi que le retour du public, sont cruciaux pour construire l’audience qu’elle mérite. Les concepteurs de séries télévisées aux Etats Unis et en Grande Bretagne l’ont compris très tôt, et ces programmes aux audiences internationales sont soumis à de nombreux screen tests mais tirent également parti de leur temps d’exposition bien supérieur au long métrage. Alimentée d’un retour spécifique du public pour qui l’accès est plus ou moins gratuit, la création sur le multimédia pourrait marcher dans les pas de cette télévision qui, avec plus d’espace et de temps, peut s’autoriser à ratisser moins large et à prendre des risques : la télévision américaine n’abrite-elle pas aujourd’hui plus que son cinéma, les héros subversifs et l’écriture audacieuse qui nous surprennent, nous emballent et nous fidélisent ?
Pour intégrer au long-métrage une audience qui se construit sur le temps, l’espace et l’interactivité du multimédia, sans dépouiller les cinémas de leurs films, la seule solution est l’extension spécifique du monde de l’histoire sur les autres médias. Le média-cinéma serait alors relié aux autres écrans par une histoire multi-facettes. Aujourd’hui, un long métrage est présent sur le multimédia pour sa promotion, mais c’est alors le film et non le monde de l’histoire qui se décline sur nos petits écrans sous la forme de teaser ou actualités des acteurs connus. Un ARG est une extension interactive du monde de l’histoire et engage potentiellement une audience internationale dans l’univers du film tout en ne délivrant rien qui puisse entacher l’effet de surprise lié à l’intrigue. L’efficacité promotionnelle de cette présence spécifique sur le multimédia ne fait pas grand doute.
Ainsi pour diffracter une histoire sur tous types de médias, les bases ne changent pas: un montage d’images et de sons dépeint un monde imaginaire où le spectateur réel voudra s’installer pour un petit moment. Toutefois, l’utilisateur multimédia est actif et s’installe dans une histoire et un ARG comme il s’engage dans une communauté : pour être vraiment intéressé, il lui faut pouvoir non seulement prendre mais surtout apporter à sa communauté. Pour s’adresser à l’utilisateur et lui permettre de répondre, l’écriture et la réalisation devraient alors s’affranchir de la convention traditionnelle qui veut que l’histoire « ignore » son propre accès et son support de diffusion, le rendant ainsi inexistant. L’histoire développée dans un projet cross-média doit avoir besoin pour exister des multiples talents des multiples supports dont dispose l’utilisateur. L’engagement de l’audience ne se fera en effet qu’au travers d’un contenu aussi spécifique et pertinent sur le multimédia que le long métrage l’est au cinéma.
C’est aux histoires de réconcilier les médias qui en viennent à se comporter comme des highlanders. Trouver des oppositions à ce qui est différent n’est pas obligatoire. Nous pourrions en arriver à des politiques de parités qui gâchent les talents alors qu’il ne tient qu’à nous de ne pas partager ce qui peut être multiplié par l’émulation des compétences complémentaires.
Peut être qu’un fort téléchargement de film est lié à une fréquentation accrue … Non ??
Un bémol à cet article et à la révolution ARG, qu’est ce qui nous dit que les spectateurs seront les mêmes ???
Je ne sais pas si on twitte beaucoup !! Je dirais plutôt que l’on MSN ou que l’on skype. Twitter c pas top