Financer les programmes transmedia, et les autres, la situation demain matin
par Marc Guidoni , publié le 15.09.2009
Volume 1 : la situation aujourd’hui
Volume 2 : la situation demain matin…
Développer et produire des contenus transmedia, ça coûte…
De la même manière que quand dans le cinéma on est passé du muet au parlant, du noir et blanc à la couleur, du son stéréo au son 5.1, ou aujourd’hui de l’image traditionnelle au relief, les coûts de fabrication des films augmentent… Ainsi, quand un producteur souhaite développer puis mettre en fabrication un univers nativement transmedia, il devra engager plus de dépenses de R&D que pour un programme classiquement ‘mono-média’ et sans composante participative.
Trois postes de coûts sont impactés :
- L’écriture. Elle devient beaucoup plus complexe car elle intègre des dimensions plus nombreuses, et notamment la dimension participative du public. On imagine mal comment un univers transmedia pourrait être écrit par un scénariste seul, aussi talentueux et brillant soit-il… Il faut être au moins deux pour pouvoir simuler a minima l’impact de la participation du public sur la robustesse de la dramaturgie développée…
Pour mémoire, aux Etats-Unis, sur des séries TV ‘classiques’ et qui n’ont rien de transmedia, ce sont d’ores et déjà bien souvent une dizaine de scénaristes qui collaborent sur chaque épisode.
- La ‘coulisse’ technologique. Si la dramaturgie s’appuie sur des outils particuliers tels que la géolocalisation des spectateurs, des dispositifs de montage image et son alternatifs, de la micro-production de contenus par le public, il faudra concevoir et faire
vivre un workflow global pour manipuler, indexer, gérer cette colossale matière.
- L’animation du programme, une fois celui-ci accessible au public. Autrement dit, un producteur de contenus transmedia ne peut pas se contenter de livrer un PAD à une chaine ou un négatif argentique à un laboratoire. Il va livrer un package avec des briques de programmes et des briques de services : un long-métrage, des courtsmétrages associés, les premiers épisodes d’une série, un site @, une première version d’un jeu en ligne… Et, last but not least, l’animation du participatif… Faire vivre un site, renouveler ses contenus, gérer les interactions avec le public, les bloggeurs, les réseaux sociaux, les annonceurs partenaires…
Les producteurs doivent donc trouver de nouvelles sources de financement. Quelques axes de recherche amenés par le transmédia :
- Les opérateurs de diffusion de contenus : ils sont tous sont concernés de par la diversité possible des supports utilisés par un contenu transmédia : chaînes et bouquets tv, portails web, diffuseurs cinéma, opérateurs mobiles, … Il s’agira pour le producteur de démontrer la cohérence du contenu transmédia avec la stratégie éditoriale du diffuseur et de s’adapter au modèle de financement en vigueur (ex : partage des revenus publicitaires sur portail web, vente sur chaîne TV, pourcentage de recettes au cinéma, etc …)
- Les annonceurs : ils souhaiteront être présents de manière beaucoup plus ‘embarquée’ qu’en achetant un spot de publicité au sein d’un écran dans une régie de grande chaine… Ces annonceurs pourront s’appeler mécènes, parrains, sponsors…
- Le public : il pourra contribuer au financement de ses contenus favoris, par des micro-paiements, ou en participant à des jeux associés…
- Les produits dérivés : des sous-traitants spécifiques sauront inventer des produits complétant l’univers du contenu Transmédia, permettant de prolonger l’expérience sur des produits physiques
Le transmedia est donc certes générateur de nouveaux coûts, mais aussi et surtout de nouvelles sources de revenus bien supérieurs : elles traduisent en effet une circulation et une extension de l’audience inégalées dans le temps et dans les différentes tranches d’âge
Pour le plaisir d’une réflexion futuriste et iconoclaste qui inverse totalement la chronologie des médias, mentionnons le papier du trublion John Ott : ici
Renversant…