Le business model du transmedia

par Nicolas Bry, publié le 21.12.2009
Le business model du transmedia se dessine en France en 2009.
Pourquoi en France ? Parce qu’aux Etats-Unis, la conviction est devenue réalité :
- les exemples cités dans nos posts, Matrix, Heroes, Dark Knight, Lost sont des productions américaines
- HBO la chaînes payante aux contenus recherchés, dispose déjà d’une entité transmedia travaillant en amont sur le développement des histoires
- les productions d’Hollywood remontent dans le poste amont de la production le budget cross media qui était auparavant affecté au marketing nous dit Jeff Gomez
- le MIT crée un centre de la narration du futur doté de 25 m$ (Center for Future Storytelling)
- Avatar la nouvelle production de James Cameron dont l’enjeu est majeur car représentant une étape décisive pour le film en 3D, s’inscrit dans un univers transmedia dont l’opus jeu vidéo conçu par Ubisoft, aussi impliqué dans les effets spéciaux du film, est sorti quelques semaines avant le film
- et le transmedia atteint à présent la TV réalité avec If I can dream : « 19 Entertainment propose une émission diffusée sur Internet dont les candidats seront choisis sur Myspace, il s’agira de cinq artistes en herbes désireux de percer à Hollywood, les internautes pourront interagir en temps réel à l’aide de Myspace, Twitter, Facebook, mais aussi par SMS et par l’intermédiaire de blogs; la plate-forme vidéo Hulu diffusera une émission hebdomadaire récapitulant les évènements de la semaine. »
Il faut dire que la TV réalité se prête particulièrement bien à la participation et touche une cible familière du multi-écrans. Transmedia et TV réalité, le prochain modèle gagnant ?
Au-delà de l’interactivité, ce qui est frappant dans l’exemple de If I can dream, c’est « l’intérêt porté sur le concept par les entreprises de grande consommation. Pepsi et Ford sponsorisent ainsi le programme, les deux entreprises affirment y trouver un moyen de toucher une nouvelle audience. » On s’inscrit là dans la logique de brand content, ou plutôt de branded content : le brand content est une logique de création et d’édition de contenu pour une marque, le branded content rapproche un contenu développé et une marque, la marque a été ajoutée, le contenu peut exister sans elle. (Sous l’égide de son respnsable marketing, Amaury Boulanger, le Transmedia Lab organise avec Franck Perrier d’Idaos un petit déjeuner sur le branded content et le transmedia début Janvier pour essayer d’y voir plus clair et d’avancer avec les annonceurs). Pour cet autre expert du secteur qu’est Emery Doligé, ancien d’Ogilvy, « C’est un modèle gagnant gagnant : faire rentrer les marques en amont de la production via un co-financement des annonceurs aboutit à un programme sponsorisé qui coutera moins cher aux diffuseurs. Le storytelling transmedia c’est un investissement sur un media qui aboutit sur 3 sorties : TV, Web, mobile. »
Si l’on reste sur le modèle classique de production audiovisuelle, les choses se mettent en place doucement, « la réalité du transmedia n’est pas encore appréhendée en France » me disait un producteur de TV réalité. « L’interaction avec le spectateur dans la mécanique de création du programme est encore une verrue pour les diffuseurs; la clé pour les producteurs est de l’intégrer la plus en amont possible, cela passe par une conception en équipe pluridisciplinaire pour arriver à du multi-plates-formes. C’est lors de la négociation des droits que se fait alors la valorisation du travail transmedia sur le programme. »
Le transmedia est une innovation qui englobe plusieurs courants et business models différents. Quand une innovation intègre plusieurs choses, c’est un casse-tête pour le stratège car il n’y a plus d’offre de référence pour le consommateur ! Est-ce de la TV, de l’Internet, du Mobile, du Jeu Vidéo ? Dans le cas d’Avatar, chaque offre reste sur son segment : le cinéma et le jeu vidéo. Dans le cas d’oeuvres plus intégrées comme celles que le Transmledia Lab développe avec les cinq lauréats de l’appel d’air, l’offre n’est pas aussi segmentée : la TV parle à Internet qui passe le relais au Mobile ! Quand on ne sait pas cerner la valeur, il faut parfois changer de segment, se comparer à une autre expérience globale de loisir … ou alors attendre que le transmedia soit devenue la référence en création audiovisuelle. Les Etats-Unis s’engagent dans cette voie.
Reza Gahem Maghami (Global Digital Leader at Proximity Worldwide and Worldwide board member) –
Arthur Kannas (CEO Heaven)
Transmédia et téléréalité, je sens que l’on va atteindre des sommets de créativité … Mais par contre, comme j’en parlais dans un com précédent, le duo sera très efficace.
Les ingrédients sont là, (fans nombreux, émissions TV, nouvelles technologies, réseaux sociaux, SMS, MMs surtaxés) reste à trouver une recette pas trop indigeste pour mettre tout ça en musique.
Oui le flux peut aussi concevoir des programmes transmédia, merci Nicolas pour ces exemples.
Au delà d’un « relaoding » des formats traditionnels de sponsoring/parrainage pour les marques (leur intégration au format plus « poussée »), l’intérêt des réflexions actuelles autour du transmédia sont plus à regarder du côté d’un nouveau mode d’arc narratif et de consommation du « programme ».
A l’heure où AVATAR triomphe sur les écrans du monde entier, on peut dire que le « 3D Entertainment » est en marche
..un modèle où l’ubiquité (contenus disponibles tout le temps/partout), le « rebond » des supports entre eux (de l’écran télé au mobile..en passant pourquoi pas sur le point de vente cf. reflexions autour des « Orange store dans 5 ans »..) et surtout l’immersion du « spectateur/acteur » vont permettre aux acteurs de la création autant qu’à leurs audiences d’entrer dans une dimension plus impliquante de la notion même de « programmes »..
@ Gaël : l’audience suivra t elle ?
Je crois que l’on parle ici de plusieurs choses différentes que l’on essaye d’articuler entre-elles comme un gigantesque Légo dont on aurait perdu le plan…
Le Trans-média est, par définition, la déclinaison d’un univers à travers différents support, chacun racontant des histoires complémentaires les unes aux autres. En 2 mots, c’est ce que nous fait le Père Lucas avec Star Wars avec son univers étendu depuis 20 ans (les BD racontent des histoires se passant entre les films, les romans, après les films et les jeux vidéo nous apprennent même que Dark Vador avait un apprenti secret).
Là, quand on associe TV Réalité et Transmédia, on n’est déjà plus dans le Transmédia car le vote par Facebook, Twitter, et consorts ne se différencie pas, sur le principe d’un vote SMS « classique ». On est dans l’appropriation et l’intégration de nouvelles technologies dans les programmes de divertissement, certes, mais pas dans le Transmédia à proprement parler.
D’ailleurs, le Transmédia n’entraîne pas non plus, de facto, une interaction avec les spectateurs.
De même pour la 3D (relief) : c’est une évolution technologique supplémentaire qui se superpose au Transmédia mais qui en est complètement indépendant.
Le problème auquel nous sommes confrontés aujourd’hui, c’est que nous avons eu à peine le temps de digérer complètement les implications du web 2.0 que, déjà, nous devons composer avec de nouvelles technologies et de nouvelles approches créatives et marketing.
Et c’est là que nous risquons de perdre le public : non pas en emboitant le pas le plus rapidement possible à ces nouveautés, mais en présentant de manière précipitée des fausses-bonnes idées basées sur des postulats erronées débouchant sur des offres trop décalées.
« Never invent that people don’t want » – Edison
@Svetlana J
si on avait pensé comme ça, le mobile n’aurait jamais été inventé
La technologie permet de simplifier la vie de tous les jours, ce n’est pas à négliger !