1ère édition du MIPCUBE : le futur est canadien
par Oriane Hurard, publié le 3.04.2012
Signe que les temps changent, après avoir été intégré depuis quelques années au MIP TV (notamment l’an dernier sous l’appellation « Connected Creativity »), les nouveaux médias et la « télévision » du futur ont désormais leur propre salon dédié pendant deux jours en amont du « vrai » (ou du vieux ?) MIP, en parallèle des désormais établis MIPFormats et MIPDoc.
Le MIPCube se veut donc le lieu de rencontres entre les « architectes du futur » producteurs, startups et diffuseurs – soit la réunion de mondes initialement très différents mais dont les centres d’intérêts convergent aujourd’hui. Démonstrations d’applications « 2nd screen », pitches de projets transmedia et conférences sur la télévision du futur se sont donc enchaînés sans répit. Voici un petit « Snack and preview » non exhaustif des événements notables de cette première édition.
Le Canada, star du MIPCube
De l’avis général, cette première édition du MIPCube s’est placée sous l’égide bienveillante du Canada, se plaçant ainsi comme modèle à suivre, tant du côté du financement que celui des projets présentés, nombreux et variés.
Le CMF-FMC (Canada Media Fund ou Fonds des médias canadiens), équivalent de notre CNC français, était partenaire de cette première édition et présentait à cette occasion les projets réalisés grâce à leur système de financement unique.
Le FMC consacre annuellement plus de 370 millions de dollars au soutien de l’industrie télévisuelle et des médias numériques canadiens, à travers deux guichets de financement: le volet expérimental et le volet convergent.
Le programme convergent encourage et soutient les projets audiovisuels développés au moins sur deux plateformes, dont la télévision, et qui dispose déjà d’un télédiffuseur canadien.
Plus innovant, le volet expérimental se consacre quant à lui au développement de contenus et d’applications innovantes destinés aux nouveaux médias. Ce guichet permet donc de financer diverses solutions créatives et originales, notamment dans l’univers de la télévision connectée et sociale.
Parmi elles, ont ainsi été présentées au MIPCube herd.fm, une application sociale pour partager la musique que vous écoutez et que vous aimez ; Supiki, une solution mobile d’apprentissage de l’anglais centrée sur la conversation ou encore Mobovivo, start-up sélectionnée par ailleurs au MIPCube Lab. Avec sa devise on ne peut plus claire – « Just Watch » -, Mobovivo propose une expérience utilisateur multiscreen fluide, et rend ainsi possibles en quelques clics plusieurs interactions sociales, les votes sur le programme ou encore le visionnage d’autres contenus reliés entre eux.
Le contenu devient applicatif et interactif
Un autre projet financé par le CMF a retenu l’attendu des professionnels présents : il s’agit de , divertissement multiplateforme à destination des adolescents, basée sur un programme (10 épisodes x 10’) conçu spécifiquement pour les devices mobiles (tablettes et smartphones). Les « appisodes » proposent en outre diverses fonctionnalités interactives, comme la possibilité de récupérer directement les musiques entendues dans l’épisode, en réaliser son propre mix, et le partager avec ses amis. Issu de la collaboration entre un producteur de contenus numériques, Smokebomb Entertainment, et une société de développement d’applications ludiques, XMG Studio, Totally Ampd propose une alternative intéressante à la classique combinaison série TV + site web, en se basant sur le modèle économique du freemium, encore peu usité en matière de contenu : le téléchargement de l’application et le visionnage du premier épisode sont gratuits, puis l’achat des 9 épisodes suivants est facturé 4,99$ sur iTunes.
Plus tôt dans la matinée, Radio Canada, le diffuseur public du pays côté francophone, était représenté en la personne de Pierre-Matthieu Fortin, Directeur du contenu original pour les nouveaux médias, qui a présenté rapidement ses dernières productions convergentes, concernant plus de 9,5 millions de canadiens francophones.
Chroniques d’une mère indigne, à la fois web-série, blog et série de romans, a ainsi été présenté, suivi de Tempsmort.tv, autre web-série, comptant déjà 3 saisons, d’ailleurs nommé aux Digital Emmy Awards qui se sont déroulés ce dimanche. Suite à son succès en ligne, le programme a d’ailleurs été remonté en un long-métrage et en une série de 26 x 6 minutes pour la télévision.
En audition avec Simon et Que devrait faire Sam ? sont deux autres programmes très populaires produits par Radio Canada pour le web. Le premier est une web-série de faux castings, très suivie (4 millions de vue sur le web et 1 million de téléspectateurs), accueillant régulièrement des stars du petit et du grand écran (Marc-André Grondin, Xavier Dolan ou encore Cœur de pirate, entre autres), et qui a déjà donné lieu à plus de 50 épisodes depuis 2010.
La seconde se présente comme la première série interactive, puisqu’à la fin de chaque épisode on demande son avis au public sur ce que doit choisir ou faire le personnage principal. Cette interaction est rendue possible grâce à un modèle au rendement quasi industriel : tournage de l’épisode le mardi, montage le mercredi et diffusé le vendredi – et cela durant 13 semaines.
Enfin, une des dernières conférences, « The new creative canvas – what web culture and tech can do for storytelling », recevait le jeune artiste Vincent Morrisset, qui se définit lui-même comme un « web-friendly director ». Il y a présenté Blabla, « film for computer » visible ici, lauréat du prix de l’art interactif au derner SXSW 2012 et qui sera prolongé par une installation artistique présentée à la Gaîté Lyrique du 7 avril au 6 mai.
La web création canadienne se porte donc comme un charme, encouragée et subventionnée par les pouvoirs publics, signe indéniable de la structuration d’une industrie stable et solide. Venant récompenser cette politique, les International Digital Emmy Awards ont ce dimanche 1er avril une autre web fiction canadienne, .
A noter également que Micho Marquis-Rose, producteur de Zieuter.tv, la web-série enquête à succès de l’an dernier, a été distingué samedi soir dans la sélection « New producers to Watch », aux côtés entre autres d’Harry Tordjman, le producteur de Bref.