Back from London Pixel Forum 2011, quelles tendances ?

par Stephane Adamiak , publié le 15.11.2011

Parmi tous les événements transmedia, Power to the Pixel (11-14 octobre 2011 @ Londres), s’est imposé au fil des ans comme un événement majeur en Europe. Réunissant des professionnels du cinéma, de la télévision  et de l’interactivité, ce forum est une occasion unique de découvrir un patchwork  de nouveaux formats et dispositifs innovants qui s’offrent aujourd’hui aux créateurs et producteurs.

 

 

 

Cette année, le Pixel Forum dont Orange (Direction des contenus) était partenaire s’est ouvert sur une seule journée de conférences faisant la part belle à des case studies et retours d’expérience. Le jour suivant était quant à lui entièrement consacré au Pixel Pitch (récompensé par un prix), sous la forme d’une série de présentations de projets devant jury. Conclu par le Pixel Market et le Pixel Think Tank dédié cette année aux financements des projets, l’édition de Power to the Pixel 2011 a duré quatre jours qui auront été autant d’occasions de rencontres et de discussions.

De retour de cette parenthèse bien remplie, quelles tendances peut-on discerner sur l’état et les directions prises par le secteur toujours émergent du cross/trans/inter/omni/über/media (rayez les mentions qui vous crispent le plus) ?

L’heure du pragmatisme

Au delà des discours stimulants des évangélistes du genre, il se dégage cette année un sentiment de réalisme des interventions et des projets présentés. Peut-être confrontés à la complexité conceptuelle des approches transmedia natives ou à la frilosité des diffuseurs ou distributeurs, créateurs et producteurs semblent aujourd’hui aborder l’angle transmedia avec pragmatisme. Plutôt que promettre la lune à portée de main à coups de déclinaisons BD, jouets ou jeux vidéo, les projets s’appuient sur des formats maîtrisés (documentaires ou séries majoritairement, cinéma plus rarement) prolongés ou complétés sur d’autres supports pour en démontrer le potentiel transmedia. On voit alors un documentaire mener vers une plateforme web participative plus persistante, un film articulé avec une appli iPad à l’image d’un catalogue d’exposition, etc.

Prolonger ou augmenter l’expérience semble bien être le mot d’ordre… Place donc aux stratégies itératives : comme le soulignait Nuno Bernardo, une franchise est avant tout l’addition d’une bonne idée et d’une audience. Le message est visiblement bien passé quand on constate le nombre de projets qui font appel à Kickstarter ou IndieGogo pour non seulement trouver des fonds nécessaires afin de concrétiser une idée mais plus encore trouver un premier public et construire de véritables communautés.

Le monde du livre monte au filet

Pendant les quatre jours du Pixel Forum, on a pu voir plusieurs éditeurs (Penguin et Edgemont, entre autres) affirmer leur présence, partager leur vision et leurs expériences autour du transmedia. Ces derniers mois ont aussi vu se multiplier les initiatives autour de lancements de livres précédés d’opérations de type ARG (BZRK) ou originales (cf. Night Circus dont le jeu web est toujours accessible ici ou encore l’initiative d’Orange avec Fanfan2) pour ne citer que celles-ci. Un partenariat stratégique entre Blacklight et  Random House a marqué l’actualité ces dernières semaines. Un autre entre BeActive et Penguin fut annoncé dans la foulée de Power to the Pixel : il n’y pas de doute, les acteurs du monde de livre investissent le transmedia et nous entendrons parler d’eux dans les mois à venir.

Pas de surprise toutefois quant à cet cet élan : le public « young adults » est au centre de l’attention des éditeurs qui suivent de près cette génération nourrie au lait d’Harry Potter, gourmande d’histoires, avide de connectivité mais si encline à passer son temps sur d’autres plateformes que celles faites d’arbres morts.

Un succès comme montre bien pourtant que ce public est prêt à embrasser des formats de narration mutants et celui qui réussira à appliquer ce type de recette à un nouveau Twilight remportera une mise juteuse. Plutôt que figurer dans les voies secondaires du transmedia planning, le monde du livre (de genre ou orienté jeunes, en tout cas) entend visiblement changer la donne et – pourquoi pas – être à l’initiative des futures franchises à succès.

Et si le « Avatar » du transmedia attendu comme un messie, ce titre qui montrerait la voie comme le film de Cameron a pu le faire pour le cinema 3D, venait de cette direction ? Là où on ne l’attendait pas…

 

>>> Coup de projecteur sur quelques coups de coeur

Tomorrow we Disapear (produit par Rebell Yell) : Un sujet passionnant et émouvant, une direction artistique frappante pour un documentaire à l’ambition multi-plateformes. Encore une poignée de jours pour donner un coup de pouce financier sur KickStarter (et pour quoipas recevoir un anneau magique… ) !

http://www.vimeo.com/31450908

 

Love & Engineering (Produit par Making Movies Oy) : Gagnant du Pixel Pitch. Un incroyable documentaire (pas une fiction !) couplé à un site  qui reprend la thématique du film ainsi qu’une appli iOS elle aussi cohérente avec l’ensemble. Le sujet ? Un ingénieur a trouvé la méthode pour passer le «firewall» de n’importe quelle femme et entend coacher ses pairs malheureux en amour. Dans cette vidéo, les producteurs expliquent les contours de leur projet et partagent le trailer (à 1’38 secondes du début).

 

Jezabel (Producteurs par Bridges Films) : Une série TV avec extensions transmedia : Une jeune fille qui connaît la célébrité trop vite. Du rock. La vie d’étudiante… Une formule qui devrait trouver rapidement son public si le casting tient la promesse du teaser…

http://www.vimeo.com/22892580

 

Cloud Chamber (Produit par Windelov/Lassen Interactive): Un projet de type ARG avec un univers prometteur qui trouve son inspiration dans les énigmes du cosmos au service d’une intrigue ambitieuse. A noter que les producteurs entendent bien tester un modèle économique de type freemium.

Concept art illustrant le pitch de Cloud Chamber

 

auteur Stephane Adamiak

Responsable Projets & Partenariats au sein de la team du Transmedia Lab - Orange / Direction des Contenus