par Oriane Hurard, publié le 1.08.2012

Trois villes, trois universités, neuf participants issus de cinq pays différents, quatre semaines de workshop intensif pour développer des projets transmedia innovants… Découvrez le programme du Transform@t Lab 2012 de l’intérieur avec Oriane Hurard ! Pour cette troisième semaine, RDV à Paris.

 

 

 

 

 

Cette troisième semaine de workshop prend place dans le 5^ème arrondissement à Gobelins, l’école de l’image. Accueillis par Laure Poulain et , nous voilà choyés, avec un iMac dernier cri et un iPad par personne, fin prêts pour les travaux pratiques ! Après la théorie, il est en effet temps pour les équipes composées lors de la session précédente à Budapest de travailler sur les projets avec l’aide des spécialistes et des mentors qui vont nous encadrer lors de cette session parisienne.

DANS LE VIF DU SUJET : FOCUS SUR LE DESIGN D’APPLICATIONS ET LEUR ÉDITION NUMÉRIQUE

La semaine démarre donc sur les chapeaux de roues avec un focus de deux jours consacrés au design et à l’interface d’applications, durant lesquels se succèdent Antoine Visonneau, Pauline Gomy et Juan Estupinan pour nous faire travailler sur l’ergonomie et le sens de nos projets.

Intervenant régulier à Gobelins en ergonomie et design d’interactions, Antoine Visonneau, fondateur de Ooda, société de conseil en innovation, commence son cours par la nécessité de comprendre et de prendre en compte le facteur humain lorsqu’il s’agit de concevoir un nouveau service ou une nouvelle application. Ces notions plutôt abstraites sont ensuite concrétisées dans la suite de l’intervention qui aborde les systèmes de datavisualisation et de parcours de l’utilisateur : comment optimiser l’interaction entre plusieurs systèmes d’informations ou de données ? Comment visualiser le « voyage » d’un utilisateur et ses contacts avec les différents supports numériques mis à sa disposition ?

Impossible de tout traiter en une demi-journée ; on ne peut que regretter de devoir survoler un sujet aussi dense alors que nous aurions tous aimé approfondir ces idées, nous qui venons principalement de disciplines plus artistiques et/ou littéraires.

La vision du public comme un utilisateur distinct, aux objectifs clairs et définis en amont, et non pas comme une masse indifférenciée, est une autre des idées abordées pendant cette première journée. , scénariste multimédia, relaie ainsi Antoine Visonneau afin d’appliquer la notion de parcours utilisateur à nos projets, en utilisant un procédé tiré du jeu vidéo : les personas.

Il s’agit tout simplement de tirer le portrait d’utilisateur type de son projet, à la limite de la caricature parfois, ce qui permet d’avoir une vision précise sur au moins deux points : comment l’utilisateur est touché par votre projet (ses différents points d’entrée) et ce qu’il cherche à en retirer (objectifs pouvant évidemment diverger de ceux des concepteurs). Simple en apparence, mais indispensable pour synthétiser et obtenir une vision claire du projet, en particulier dans un temps limité.

Enfin, c’est Juan Estupinan qui assure l’intervention de la seconde journée du focus « interactions et design d’applications ». Il est le cofondateur de Wigoo, start-up proposant un service simplifiant l’édition enrichie d’applications pour mobiles ou pour tablettes, et travaille également à la conception des applications magazines pour iPad comme celles d’Etapes, de GQ et prochainement sur les autres publications Condé Nast (Vogue, Glamour, etc.)

 

 

L’enrichissement numérique d’un contenu papier est un sujet très en vogue et entraine plusieurs questions : comment garder une cohérence avec l’édition papier originale tout en utilisant les possibilités interactives du numérique ? Comment circuler dans le « numéro » du magazine en intégrant l’apport du tactile ? Quels sont les apports d’une édition online par rapport à son équivalent imprimé ?

Après un rapide préambule sur l’état actuel du marché de l’édition numérique et ses différentes problématiques économiques, nous sommes passés à la pratique en nous intéressant à la fabrication (simplifiée) de ces applications.

Juan Estupinan nous a alors présenté la plateforme Adobe et ses outils de publication en ligne. Grâce à l’application Adobe Content Viewer, nous avons pu expérimenter les outils d’édition en ligne de la suite Adobe en voyant nos essais immédiatement transformés en mini app sur nos tablettes connectées avec le même Adobe ID. De manière très méthodique, nous avons pu ainsi ajouter des images, du son, des vidéos, des mini jeux pré-codés sur nos propres publications, visibles à partir de n’importe quel appareil mobile connecté avec le même identifiant.

Après nous avoir également fait une brève démonstration de Balsamiq Mockup, un logiciel permettant de dessiner des maquettes de sites web et d’applications smartphones : nous voici fin prêts à utiliser ces nouvelles connaissances au profit de notre quatre projets encore en work in progress.

LES PROJETS DU TRANSFORM@T LAB 2012

 

 

The Heaven Project est une vidéo musicale interactive, à points de vue multiples, mettant en jeu de manière ludique les stéréotypes de genre sur la musique d’Aquarius Heaven. Plus largement, le projet de Dan Cripps et Selim Gungor est de concevoir un outil de storytelling qui pourrait ensuite être utilisé avec n’importe quel autre contenu audiovisuel. Leur vidéo musicale sera donc un prototype visant à démontrer à quel point les nouveaux outils interactifs comme le HTML5 peuvent être utilisés de manière innovante et créative.

Exhibitor est un projet de curation transmedia prenant la forme d’une plateforme de ressources en ligne et permettant aux professionnels de découvrir et de concevoir des expositions de projets cross-plateformes. La première phase du projet consiste pour Julia Fryett à développer une base de données répertoriant les projets innovants, notamment ceux faisant interagir les espaces physiques et virtuels.

Porté par Manja Lekic, François Morisset et Marina Roel, le projet d’art collaboratif Story of cherche à changer le regard que l’on porte sur les objets du quotidien en demandant au public de créer sous différentes formes (vidéo, photo, danse, sculpture, texte,…) leur propre représentation d’un objet donné en amont (ex : la pognée de porte, le bouton, etc.). Story of rassemble les travaux réalisés pour créer une œuvre-synthèse qui pourra prendre plusieurs formes (site web, film, livre papier et/ou interactif)

Enfin, Tasty est un jeu gourmand et urbain, qui vise à redécouvrir les secrets et lieux culinaires de votre ville. La gastronomique Paris a été choisie par Camille Lemaire, Camille Lequenne et Oriane Hurard pour servir de point de départ à cet ARG mélangeant allégrement chasse au trésor et concours de cuisine, énigmes gourmandes et Foursquare.

PREMIER PITCH PROFESSIONNEL FACE À PLUSIEURS FIGURES DU TRANSMEDIA FRANÇAIS

Face à ces quatre projets très diversifiés, l’équipe organisatrice du TFLab, avec l’aide de Jérémy Pouilloux et du réseau de TIU, avait mis en place pour clôturer cette semaine parisienne une session de pitchs d’un genre un peu particulier. Une demi-douzaine de professionnels du transmedia français est ainsi venue écouter les porteurs de projets dans un jeu de tables rondes, se divisant en petits groupes afin de pouvoir écouter les quatre projets pitchant simultanément. Claire Leproust (Capa), Arnaud Colinart (Agat films), Pierre Cattan (), Voyelle Acker (France Télévisions Nouvelles Ecritures), Mathilde Natier (ex-Fabernovel) ainsi que Jérémy Pouilloux (La Générale de Production) se sont ainsi succédés devant chaque projet pour y apporter critiques et conseils.

Epuisés par un tel exercice (pitcher 4 fois en l’espace de 2 heures, un vrai challenge !), l’ensemble des groupes en est néanmoins ressorti avec des pistes constructives d’amélioration pour leurs projets : un vrai condensé de script doctoring version transmedia !

Après avoir été encadrés et conseillés durant ces trois semaines intensives, le temps est désormais venu de travailler chacun chez soi son projet pendant le reste de l’été, qui s’annonce donc studieux pour les neuf jeunes professionnels répartis sur 6 pays, entre échanges de mails et de sessions Skype !

Du 3 au 7 septembre prochain aura lieu la quatrième et dernière semaine de ce workshop européen, où les différents projets seront pitchés devant deux jurys différents, dont Louise Brown, Head of Multi-platform commissioning de Channel 4, qui pourrait bien accorder une bourse de développement à l’un des projets présentés.