Passage de cycle long à cycle court, « Plus belle la vie » au microscope transmédia
par Amaury Boulanger , publié le 20.08.2009
J’ai assisté à une conférence passionnante réalisée par Laurence CORROY, maître de conférences en SIC à l’Université Paris III-Sorbonne Nouvelle, en Juin à la Cantine : voici quelques clés pour comprendre le succès de la série « Plus belle la vie ».
Plus belle la vie, une série qui a été lancée fin 2004 sur FR3, est un record d’audience avec 6 millions de téléspectateurs chaque soir, de longévité et de médiatisation . 1/4 des revenus annuels pub de FR3 proviennent de la série (avant la suppression de la pub) . La série cartonne auprès des jeunes de 25 ans et les séniors paradoxalement, les 12/18 ans sont le cœur de cible et pourtant le produit initialement n’avait pas été pensé pour les jeunes !!!
Cycle court = Actualité
Ce qui dénote chez Plus belle la vie, c’est son cycle court de production et son équipe d’écriture. L’atelier d’écriture est composé d’une vingtaine de rédacteurs très réactifs à l’actualité, pour exemple ils avaient intégré dans la série l’élection d’Obama 3j après son élection. Ils travaillent à flux tendus, atelier d’écriture/ de montage localisés sur place à Marseille . La série est basée sur 3 intrigues en parallèle : Humour de situation au quotidien dans chaque épisode Tragique/ comique sur une quinzaine d’épisodes Enquête policière sur 3 mois. L’intérêt des téléspectateurs est maintenue grâce à l’emboitement de plusieurs récits et la possibilité d’évolution des membres du groupe.
Proximité = télé réalité fictionnelle
Le vocabulaire utilisé dans la série est très argotique et compris par tous les jeunes; très peu d’actions dans la série, tout est basé sur du « commérage » dans des lieux publics qui reprend bien les problématiques de notre quotidien, ce n’est pas le niveau intellectuel du JT qui passe à la même heure !!! On analyse le succès de la série comme la suite logique des programmes de télé-réalité qui deviennent banalisés : par exemple Loft story, c’est également du « commérage » sur le quotidien des jeunes, on peut qualifier « Plus belle la vie » comme une télé-réalité fictionnelle.
Et le transmédia ?
Pas d’expérience transmédia à proprement dit sur « Plus belle la vie » par contre quelques best practices cross-médias :
- la rediffusion des épisodes sur le Web cartonne !! => plus de 100 000 clients/jour qui achètent l’épisode en streaming, tarifé 1€ pour 24h ou 5€ en premium pour 5j
- produits dérivés : on peut acheter sur la boutique en ligne tous les habits des acteurs, les décors de la série (par exemple le mug, la chaise, …) brandés « Plus belle la vie », jeux vidéos et ça rapporte beaucoup
- possibilité de créer son avatar et dialoguer en direct avec les acteurs de la série
- émergence de sites/forums avec communautés de fans, liens d’amitiés très fort entre les fans qui débattent sur les problèmes d’actualité relevés dans les épisodes
- les scénaristes s’inspirent des forums pour l’écriture des épisodes suivants (en mode iteratif), FR3 lance régulièrement des sondages en ligne de type « est-ce que X peut tomber amoureux de Y »; si 70% pensent qu’ils vont se mettre ensemble alors on l’intègre dans la série
- pas de placement de produits dans la série, juste du parrainage avec une marque de bijoux fantaisie, une mutuelle et un produit alimentaire pour les jeunes, en parfait adéquation avec la cible Pour finir, la série est vendue et diffusée dans plus de 10 pays, en rediffusion en France sur France 4 et Gulli ….
Plus d’informations sur la conférence de Laurence Corroy ici