« La Zone » : un documentaire transmedia sur la catastrophe de Tchernobyl
par Ana Vasile, publié le 28.04.2011
Un projet multiplateforme ouvre un nouveau regard sur la catastrophe de Tchernobyl. 25 ans après, « La Zone » désertée par la radiation se découvre à travers les histoires de ses habitants, recueillies pendant dix ans par deux journalistes. Réalisé par Guillaume Herbaut et Bruno Masi et produit par Agat Films & Cie et lemonde.fr, « La Zone » est un projet qui se décline en un webdocumentaire (diffusé sur le site du Monde), une installation interactive à La Gaîté Lyrique et un livre publié aux éditions Naïve, à l’occasion du 25ème anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl.
« Nous découvrions les villages abandonnés de la zone interdite, ce territoire vaste comme l’Ile de la Réunion, clos par des fils barbelés et jalonné de cimetières où s’entassent des carcasses de véhicules contaminés. Au fil des ans, nous retournions dans cette région, comme aimantés par ce qui se joue ici : l’incarnation grandeur nature d’un monde qui se délite, privé de repère et naviguant à vue, habité par la peur de l’extermination, rongé par la déliquescence économique et sociale. »
UN WEBDOCUMENTAIRE
Une galerie de portraits et d’histoires. Les hommes et femmes qui vivent et gravitent autour du réacteur 4 de Tchernobyl. Ce périmètre reste l’un des endroits les plus dangereux au monde, un lieu clos rongé par la radioactivité, ce danger invisible, impalpable, inodore et toujours présent, une terre peuplée par les loups, arpentée par les trafiquants et les miliciens qui n’hésitent pas à pointer leurs armes. Un lien fort et complexe se tisse entre la zone et les hommes et les femmes qui la peuplent ou s’y aventurent. En ligne sur le site du Monde
UNE INSTALLATION MULTIMÉDIA
L’expérience physique du spectateur au cœur de la zone interdite. Un cube recouvert d’une couleur grise dans lequel on entre, à l’intérieur, sur quatre faces, la zone apparaît. L’installation mêlant vidéos et photos propose au spectateur une immersion dans la zone de Tchernobyl, ce périmètre de 450 kms qui entoure le réacteur 4. Du 26 avril au 10 mai 2011 à la Gaîté Lyrique (Paris)
UN LIVRE
Le livre, coédité par Naïve et la Gaîté Lyrique entrelaçe les photographies de Guillaume Herbaut et les textes de Bruno Masi et reviendra sur les cinq voyages qui d’octobre 2009 à novembre 2010 ont permis à ces deux journalistes de réaliser l’ensemble du travail documentaire. Selon deux narrations aux rythmes distincts, le livre est une plongé dans leur quotidien aux confins de la zone. Disponible dès le 26 avril à la Gaîté Lyrique (Paris)
Un article complémentaire est disponible sur le site de WebTelevisionObserver
Beau travail autour d’un sujet difficile qui donne à vivre plus le côté « ressenti » que journalistique (ds le sens chiffre, carré) de la démarche.
Mais j’aimerais revenir sur la notion de « transmédia ». Encore une fois, je ne pense pas que ce terme soit le bon. Ce documentaire est multiplateforme mais pas transmédia. Ce ne sont que des verticaux. Aucune narration qui nous emmène d’une plateforme vers une autre. Il n’y a pas de trans…dans cette proposition, il y a de l’addition par contre. vous devez le « sentir » car dans le chapeau de l’article vous utilisez le mot « multiplateforme »….alors pourquoi céder au buzz surtout que vous posiez la question pour collapsus…? Le travail de Bruno et de son partenaire n’en est pas moins formidable et remarquable !! Qu’en pensez-vous ?
Je suis d’accord avec toi Véronique et je me pose actuellement pas mal de questions sur les critères de qualification d’un projet transmedia. Notamment suite à l’analyse de projets tels que Collapsus, Detective Avenue ou celui-ci.
Je viens de terminer l’écriture d’un article sur ce sujet, le temps de faire la traduction en anglais et ce sera bientôt sur le blog.
De mon point de vue il y a deux perceptions des oeuvres transmedia aujourd’hui :
- la réalité du marché et les expériences concrètes qui nous sont proposées, celles qui ne sont pas parfaites mais qui existent
- et les « purs » projets transmedia tels que nous les imaginons (avec l’ensemble des critères que l’on connaît) mais qui ont encore du mal à éclore (surtout en France)
Celle-ci rentre dans la première catégorie. Certes cela ne correspond pas à la lettre, à ce que nous voudrions voir, mais cela va dans le bon sens et c’est la raison pour laquelle nous relayons aussi ce « buzz »
Les horizontaux sont minimalistes mais on peut tout de même dire que l’utilisation de chaque media est une éventuelle nouvelle porte d’entrée dans l’univers du documentaire. C’est ce qui nous intéresse le plus ici.
La question de l’utilisation ou non du terme transmedia est ensuite un véritable débat, j’espère justement le créer très bientôt