Une perspective transmedia sur la radio
par Ana Vasile, publié le 19.05.2011
Undead End est un projet indépendant et multiplateforme, qui choisit comme media principal : la radio. Un choix inhabituel soulevant une problématique d’ores et déjà posée par l’un de nos lecteurs : « Pourquoi la radio est-elle si rarement prise en compte dans la construction des dispositifs transmedia ? »
Un drame radio multiplateforme
Undead End est une histoire de zombies, conçue par Nate Goldman, elle se veut une expérience interactive et immersive. L’auteur se disait d’ailleurs inspiré par Orson Welles, en souhaitant effacer les limites entre la fiction et la réalité.
L’intrigue, racontée principalement à travers des news radio, se focalise sur l’évolution d’un laboratoire de recherche qui fait des études sur les humains et qui est à l’origine du virus des zombies.
Le dispositif se déploie sur plusieurs plateformes :
- · La radio : le media porteur de la narration
- · Internet à travers des vidéos virales, des vrais-faux sites et un blog,
- · L’événementiel (du spectacle vivant et une grande marche de zombies)
- · Le mobile : des numéros de secours en cas d’infection au « virus zombificateur »
- · L’affichage : des consignes pour éviter d’attraper le virus
- · Un jeu de « chasse aux zombies » en réalité augmentée
L’opération, mise en place en 2010, était focalisée sur le campus de l’Université de Boston et la radio WTBU est son média prédominant. L’audience de l’émission radio était de 2 000 personnes pour le premier épisode et d’environ 4 000 pour les suivants. Undead End a été rediffusé par la radio WZBC Boston, deux mois après sa diffusion dans le campus.
Si son histoire n’est pas très novatrice, Undead End a le mérite d’avoir démontré qu’à travers la radio nous pouvons toujours raconter des histoires !
La radio racontait des histoires
Avant la démocratisation de la télévision, le soir était le moment d’écouter la radio en famille. C’était un moment culturel partagé. La fonction de ce media n’était pas seulement informationnelle ; la radio racontait des histoires, construisait et diffusait des narrations dramatisées.
L’exemple souvent cité qui montre le pouvoir de la radio est « La Guerre des Mondes » une adaptation radio d’Orson Welles du roman SF, diffusée en 1938 par CBS. Cette dramatisation radiophonique avait déclenché la panique parmi des milliers d’américains, convaincus que la narration fictionnelle était vraie et que les martiens attaquaient les Etats Unis. Les analystes accusaient par la suite l’authenticité du programme liée à sa forme : les comédiens avaient assumé le rôle de reporters et recensait les événements fictionnels comme des vrais news.
Evolutions de la radio et projections transmedia
La radio a bien évoluée, elle est de nos jours le plus souvent écoutée pour sa fonction informationnelle ou comme un accompagnement musical. L’apparition de la télévision a changé les usages des consommateurs des media et implicitement le rôle de la radio.
L’étude l’Année Radio 2009-2010, montre que la radio rassemble 42,3 millions d’individus âgés de 13 ans + et cela pendant 2h54 par jour. Les catégories socioprofessionnelles supérieures restent les plus consommatrices de la radio : plus de 9 sur 10 l’écoutent chaque jour.
Selon une étude conçue par Ipsos, la matinée est toujours le rendez-vous radio traditionnel des cadres. La pénétration de la radio en quart d’heure moyen arrive à 26,7% entre 7h45 et 8h00.
Dans la construction d’une stratégie transmedia, la radio pourrait être le moyen de créer des rendez-vous informatifs quotidiens avec des audiences bien précises. Avec les grilles de programmes actuelles sur les grandes stations radios françaises, nous pouvons nous poser la question de savoir s’il reste des possibilités pour développer des narrations fictionnelles comme à l’époque d’Orson Welles. Le débat reste ouvert et nous vous invitions à y participer dans les commentaires ou sur la du Transmedia Lab.